C’était bien !
C’était bien mais c’est fini, nini
Y’EN A QUI MANQUENT PAS D’AIR, petite fanfare de rue et d’intérieur

« Y’en a qui manquent pas d’air , et d’air (s), j’en manque pas, alors à vos oreilles, ça va souffler ! « Catherine Delaunay a créé à la fin des années 1990 un petit orchestre de rue et d’intérieur. Une joyeuse bande de marins d’eau douce avec Catherine Delaunay, clarinette mib et saxophone soprano, Lionel Martin, saxophones, Daniel Casimir, trombone, Didier Havet, soubassophone, Bruno Tocanne, batterie.
D’autres moussaillons se sont joint à eux au cours de l’aventure, Tatiana Lejude, batterie, Etienne Plumer, batterie, Thierry Lhiver, trombone, Jacky Lignon, accordéon, Pascal van den Heuvel, saxophones, Laurent Brisard, conques et autres coquillages, Tom Walsh, trombone.
Extraits de presse Y’en a qui manquent pas d’air
Parcours originaux et créatifs en diable…
« Y’en a qui manquent pas d’air, quintet fanfaronnesque de Catherine Delaunay, avec Lionel Martin, Daniel Casimir, Didier Havet et Etienne Plumer. Cinq joyeux musiciens ont hissé la voile d’un petit navire turbulent, prompt à tous les louvoiements, pourvu qu’ils tissent des parcours originaux et créatifs en diable. La qualité première de ces audacieux personnages qui n’hésitent pas à saborder la facilité est, là encore, la complicité. La maîtrise instrumentale est bien sûr de rigueur (à Cluny, c’est banal…). L’ensemble est jubilatoire mais il ne masque pas les touches émotionnelles qui émergent au détour des notes. Catherine Delaunay tient là un bel équipage dont la liberté de ton touche au coeur. »
– Culture Jazz – Yves Dorison – août 2009 – Festival Jazz Campus en Clunisois –
Un charmant répertoire pour orphéon buissonnier…
« La clarinettiste Catherine Delaunay a écrit un charmant répertoire pour orphéon buissonnier.
Fragments mélodiques narquois enchaînés à la diable, rythmes voyous préférant la boiterie de l’impair, métal des instruments d’extérieur (le trombone de Daniel Casimir, le saxophone de Lionel Martin, le soubassophone de Didier Havet) teinté du bois de velours de la clarinette et plus souvent caressé que battu par Bruno Tocanne. Musique à vocation d’animation, d’illustration, d’ameublement, mais la qualité des arrangements, de l’orchestration et de l’interprétation nous fait dire que cet ameublement-là relève de l’ébénisterie d’art. A la lecture de la distribution, on s’en doutait un peu. D’autant plus qu’invitation est faite à l’improvisation, ici traitée plus sur le terrain du libre contrepoint hérité de la new thing que sur celui de la trame
harmonique. Une réussite du genre. »
– Jazzman – Frank Bergerot – février 2004 –
La profondeur d’une musique diablement envoûtante…
« Y en a qui manquent pas d’ air »… et encore moins de souffle, de bras, de clefs, de joie, de générosité et d’imagination… La profondeur d’une musique diablement envoûtante. Goûtez aux plus vifs débordements de la clarinette de Catherine Delaunay (et à ses infinies douceurs aussi), écoutez les murmures convulsés de Didier Havet, écoutez la liberté que s’offre (et que l’on offre) à la batterie…Un disque ravissant… mais bien plus que cela, vous vous en doutez ! »
– Impro Jazz – Luc Bouquet – mars 2003 –
Coeur de Lune, la fanfare est un monde en soi…
« Parfois refuge pour instrumentistes déficients, elle peut aussi regrouper des musiciens accomplis et faire naître une somme musicale qui dépasse les vertus de chacun. La clarinettiste Catherine Delaunay a constitué une fanfare qui ne comprend que cinq musiciens.
Une « fanfarette » ? Pourquoi pas ? Le résultat est enthousiasmant par la relative sophistication et finesse des arrangements, le côté primesautier des interventions solistes, le plaisir de jouer évident à l’écoute. On a l’esprit de la fanfare, sans le poids mais sans édulcorants. Un régal. »
– Répertoire – octobre 2003 – disque « Recommandé du mois »
Vivifiant… Variations sensibles, pleines de liberté et de talent…
« C’est une fanfare, de rue, d’intérieur, c’est cinq musiciens qui brassent leur musique au fil de leurs instruments. Catherine Delaunay, Lionel Martin, Daniel Casimir, Didier Havet et Bruno Tocanne, pour un univers où se rencontrent un jazz européen mâtiné de free et de classicisme, et des ambiances de film. Vivifiant, on entre dans la danse avec des variations d’un bel éclectisme, sensibles foutraques, pleines de liberté et de talent… »
– 491 – octobre 2002 –
Une des musiques les plus inspirées, aériennes et voyageuses qui soient…
« Y’en a qui manquent pas d’air » regroupe quelques musiciens irréductibles du jazz actuel, tous embarqués séparément dans des directions singulières, aventuriers en tambours et vents. Ensemble ils inventent une des musiques les plus inspirées, aériennes et voyageuses qui soient – à la fois populaire, charmeuse et tranquillement novatrice… »
– Nevers D’Jazz Festival – octobre 2002 –
SOIS PATIENT CAR LE LOUP

Sois patient car le loup, d’après les poèmes de Malcolm Lowry
Création, Le Palot – Scène Nationale de Montbéliard – 10 novembre 2009
Poèmes de Malcolm Lowry, musique, Catherine Delaunay, traduction, Jean-François Goyet
Dans l’un de ses premiers récits autobiographiques, c’est en musicien que Malcolm Lowry s’est lui-même représenté. Il ne quittait guère son taropatch. Il s’en accompagnait pour chanter toutes sortes de chansons improvisées, parfois absurdes et drôles, parfois plus graves et ironiques. Il était aussi fier des quelques airs qu’il composa dans sa jeunesse, que de son oeuvre romanesque.
Le grand-père de Catherine Delaunay, Joseph, était terre-neuvas. Disparu en mer, sa mémoire plane sur ce spectacle comme la mouette si souvent évoquée et dessinée par Lowry dans ses poèmes.
Chansons de marin, de voyages extraordinaires, de coeur et de grand large, de pluie et de vent, comme une tresse d’histoires fabuleuses et de musique…
Catherine Delaunay, (clarinettes, accordéon) a réuni les musiciens de cette aventure avec tout le soin qu’on prend à composer son équipage pour une traversée au long cours dans des climats extrêmes et changeants.
Pour le chant, John Greaves, anglais aventurier, amariné, riche de vitalité et d’humour.
Isabelle Olivier et sa harpe, comme un grand Ukulélé transformé par le vent.
Thierry Lhiver au trombone et Guillaume Séguron à la contrebasse, ses deux compères, excellents marins, avec qui elle a beaucoup navigué.
Et enfin Isabelle Meunier créatrice de ce décor enchanteur, et Laurent Dahyot, magicien du son, compagnon de route incontournable.
Poésie du grand large et de l’ivresse…
“Catherine Delaunay a présenté une création autour des textes de Malcolm Lowry, avec la participation de John Greaves. Cette poésie du grand large et de l’ivresse convient tout à fait à la voix et à la manière de l’ancien bassiste du groupe “Henri Cow”. Le beau travail d’écriture minutieux et sensible, de la clarinettiste, a fait le reste. Beaucoup de chaleur et d’affection dans cette présentation, qui en appelle d’autres, dont la distribution est superbe avec Isabelle Olivier (harpe), Thierry Lhiver (tb) et Guillaume Séguron (ctb).”
Jazz Magazine – Philippe Méziat – 12 novembre 2009 –
Création Sois patient car le loup – Rencontres Internationales D’Jazz de Nevers –
La musique et la poésie, un mariage qui coule de source…
“Une taverne, un lampadaire, une lanterne… le décor est minimaliste.
Dans une ambiance intimiste, le Palot accueillait mardi (10 novembre 2009) la première de “Sois patient car le loup”, ou la mise en musique de poèmes de Malcolm Lowry. C’est au travers de ses textes que Catherine Delaunay (clarinettes, accordéon) faisait découvrir cet auteur anglais, dont l’oeuvre la plus connue reste “Au-dessous du volcan”. Elle signe des arrangements riches, à la tête d’une formation clarinette, trombone, contrebasse et harpe, aussi originale qu’invitant à l’onirisme. La musique et la poésie, un mariage qui coule de source et dont le point de convergence reste le chant. Ici, c’est John Greaves qui prête sa voix rauque, “mélange de Gainsbourg et de Tom Waits, de titi parisien et de gentleman anglais”. (…) Les poèmes, bien que traduits, préservent la concision et l’efficacité de la langue originelle, son rythme, sa musicalité, la manière de juxtaposer les images mentales. Quelques danses improvisées de quelques zouaves en goguette, et John Greaves chausse de nouveau le micro pour un “Épitaphe” totalement dingue. “T’écris Malcolm Lowry / Vétéran du Bowery / A la prose fleurie / Quoi qu’un poil assombrie / Qui travaillant de nuit / Parfois de jour aussi / Toquant ukulélé Périt.” “More is less”, isn’t it ?”
L’Est Républicain – 14 novembre 2009 –
Création Sois patient car le loup – Le Palot – Scène nationale de Montbéliard –
Un quintette superbe et délicat…
« (…) D’une manière totalement différente, la clarinettiste Catherine Delaunay a choisi d’adapter en chansons des écrits de Malcolm Lowry dans sa création « Sois patient car le loup » interprétés par le bassiste John Greaves (ex-Henry Cow, ex-National Health, etc.), ici uniquement chanteur, au sein d’un quintette superbe et délicat avec Thierry Lhiver (tb), Isabelle Olivier (harpe) et Guillaume Séguron (ctb). Un univers sonore et poétique extrêmement tendu, raffiné et sensible, grâce à son instrumentation singulière, en particulier dans l’association des cordes de la harpiste et du contrebassiste. »
Les dernières nouvelles du jazz – décembre 2009 –
Création Sois patient car le loup – Rencontres Internationales D’Jazz de Nevers –
C’est un cabaret des histoires venues des cinq cents diables…
(…)
« La mer est dans une échappée de la toile du fond de scène. Une tâche bleutée dans la beauté lépreuse – pour cela il suffit d’une artiste de talent : Isabelle Meunier, créatrice de cette œuvre décor – des murs pages au papier passé sur lesquelles l’écriture aborde à une taverne, se heurte à des immeubles pauvres à l’heure où le jour se lève, est masquée par la silhouette (ou son ombre) d’un homme, béret vissé sur la tête, qui marche à grandes enjambées vers on ne sait où. La taverne, le port ou son destin ; tous ont partie liée chez Malcolm Lowry (…).
John Greaves est la voix de Malcolm Lowry, partie intégrante du petit orchestre conduit par Catherine Delaunay (clarinettes et accordéon), Isabelle Olivier (harpe), Thierry Lhiver (trombone), Guillaume Séguron (contrebasse).
C’est un cabaret des histoires venues des cinq cents diables dites par un poète sorti de la « terrible usure du jour » (…)
La musique a cette beauté empruntée aux instruments des pauvres, des orchestres ambulants choisissant un lieu de passage pour faire la manche (…) Compositions subtiles où joie et mélancolie dansent de concert (…) »D’Jazz de Nevers “Au jour le jour” – Michel Pulh – novembre 2009 –
Création Sois patient car le loup – Rencontres Internationales D’Jazz de Nevers –
Un univers de mélodies denses et fortes…
Découvert au dernier festival de Nevers, le spectacle « Sois patient car le loup… » conçu et dirigé par Catherine Delaunay, est de ceux qui se glissent doucement dans votre mémoire et dans votre corps, au moins autant par son contenu sensible que par les questions qu’il soulève, et qu’il résout avec brio. Le propos consiste à mettre en musique et en scène des extraits des poèmes de Malcom Lowry, parfois dans le texte, parfois traduits (par Jean-François Goyet), et d’évoquer à partir de là tout un univers onirique où se mêlent des évocations de la pêche au large, des ambiances d’estaminets marins et plus généralement les obsessions intimes du poète. John Greaves est la voix, indispensable et bien venue par son fond de gorge gallois, sa faconde, son humour ravageur. Catherine Delaunay (accordéon, clarinettes, musiques et arrangements), Isabelle Olivier (harpe), Guillaume Séguron (contrebasse), Thierry Lhiver (trombone) tissent autour de lui avec la complicité de Laurent Dahyot (son) tout un univers de mélodies denses et fortes, jamais faciles, toujours arrangées avec un soin et une délicatesse extrême.
Il faut prendre garde, quand on reçoit une telle proposition artistique, à ne pas se laisser prendre au piège de la question du sens. Vouloir « comprendre » à tout prix est la meilleure façon de rater le coche, et parfois de prendre la mouche. L’univers poétique est déjà, à lui seul, un univers de sons au moins autant qu’un monde de significations. Et c’est souvent pour des motifs déjà liés à ce qu’ils comportent de musique que les « chanteurs » choisissent tel ou tel texte, comme nous le confiait la veille Jeanne Added. Il faut donc prendre la musique qui en résulte comme un tout, accepter l’idée que la voix est d’abord un instrument, et ne prendre les bribes de sens qui s’échappent ici ou là uniquement comme des éléments adventices, utiles pour se laisser aller au rêve, à l’imaginaire, mais pas du tout indispensables pour que le message musical vous atteigne. Ainsi, délivrés de tout effort pour rejoindre un sens qui de toutes façons échappe – ne serait-ce que par la grâce de chanteurs qui articulent plus ou moins bien – nous nous laissons aller aux charmes d’un texte que la musique prolonge et parfois magnifie. On sait, pour conclure sur ce chapitre, que les plus grands textes poétiques ont parfois du mal à trouver leur écho musical (précisément parce qu’ils se suffisent à eux-mêmes, la rencontre entre Baudelaire et Henri Duparc faisant ici office de contre exemple rarissime), et que, inversement, certains textes assez faibles ont été transfigurés par la plume d’un compositeur de génie – c’est souvent le cas dans les mélodies de Schubert. Avec « Sois patient car le loup… » Catherine Delaunay se situe selon nous dans le premier cas de figure, sa musique toute en dentelle et en finesse venant jouer parfaitement (par oppositions, décalages, glissements, dérapages et autres figures) avec l’univers marin, chaloupé et rocailleux, de Malcom Lowry. Il suffit à l’auditeur de se laisser aller.
Jazz Magazine – Philippe Méziat – 31 janvier 2010 –
Sois patient car le loup – Festival Du Bleu en Hiver – Théâtre des 7 collines – Tulle –
Un disque magnifique…
Projet très personnel de la clarinettiste Catherine Delaunay (de Tous Dehors…) autour du poète Malcolm Lowry. Avec des musiciens magnifiques, à la hauteur des textes habités par John Greaves, elle livre un disque qu’on ne peut que conseiller. « A l’instar des poèmes de Lowry, il y a dans Sois patient car le loup une sensibilité à fleur de peau portée par des mélodies simples et intrinsèquement familières. Pour dire ces poèmes, la voix chargée de rocaille de John Greaves s’impose comme une évidence. Il roule les syllabes comme un vaisseau qui craque, avec cette scansion versatile qui ne leur donne que plus de magie. »
Créé dans le cadre de la sélection du Printemps des Poètes en coproduction avec la scène nationale de Montbéliard, Sois patient car le loup de Catherine Delaunay met en musiques les poèmes de Malcolm Lowry, auteur anglais rare qui aura fait de l’errance, de la mer et de son ivresse les thèmes centraux de son œuvre.
Ses poèmes peuvent être aussi sombres et sauvages qu’ils savent être chaleureux ; tout entier remplis de cet alcool vaporeux qui forge l’empathie d’un regard désabusé sur le monde comme gigantesque bouge. La clarinettiste, également accordéoniste sur l’émouvant « That’s What I Mean », a embarqué dans cet hommage une flottille d’improvisateurs sensibles, le grand John Greaves en proue, qui cherchent comme Lowry l’harmonie fugace dans cette grande étendue balayée par les vents.
« La mer méprisante qui retrousse sa babine tout le jour, stridente comme des usines à casser le verre » nous dit le poète. La mise en musique de ces poèmes traduits par Jean-François Goyet aux fins de ce spectacle s’inspire de ce ressac. C’est un exercice intime et subtil qui caresse les mots sans leur faire perdre de leur force et transporte la poésie dans des tourneries aussi simples qu’elles sont parfaitement ourlées.
Le grand-père de Catherine Delaunay, Terre-Neuva emporté par les flots, plane au-dessus des mots de Lowry telle une disparition, une destinée de la mer. « La mouette aux ailes glauques » s’ouvre sur le cliquetis presque enfantin de la harpe charnelle d’Isabelle Olivier, libre dans cet album où elle se joue, comme la mouette, du vent mutin et malicieux. Sois patient car le loup ordonne les éléments et les charrie pour les présenter sous leur plus bel éclat. « Pur éboueur de l’Ether », dit Lowry : entre la délicatesse des flots et leur absolue fatalité, les arrangements de Delaunay, tout en tensions et raffinements, s’appuient sur un quintet aux timbres étranges, poétiques à eux seuls quand ils semblent marcher ensemble dans les pas chaloupés du loup.
Dans la prose de Lowry, la mer et ce loup sont les faces jumelles du désir. Ils trouvent leur point de fusion dans le morceau-titre, ce conte sépulcral et flamboyant sur les errements d’un bateau ivre. Est-ce au tromboniste Thierry Lhiver, ancien du big band Lumière, qu’il échoit d’évoquer les pas lestes de cet animal ambivalent qui traverse le disque comme une forêt ténue ? Son ton chaleureux et explosif, dont le jeu de sourdine rappelle beaucoup celui d’Yves Robert, est le compagnon privilégié de Catherine Delaunay et le contrepoint parfait aux cordes structurantes et pleines d’émotion de Guillaume Séguron. En tout cas c’est certainement sur « Whirlpool » que cette formation sans batterie est la plus équilibrée. Le splendide archet du contrebassiste y est un rafiot qui tangue dans le roulis du temps et la brume épaisse de la clarinette basse, tandis qu’Isabelle Olivier et Thierry Lhiver s’ébrouent à contrevent.
A l’instar des poèmes de Lowry, il y a dans Sois patient car le loup une sensibilité à fleur de peau portée par des mélodies simples et intrinsèquement familières. Pour dire ces poèmes, la voix chargée de rocaille de John Greaves s’impose comme une évidence. Il roule les syllabes comme un vaisseau qui craque, avec cette scansion versatile qui ne leur donne que plus de magie. Çà et là, on pense à Verlaine et Verlaine Again, les albums qu’il a dédiés à cet autre amoureux de l’ivresse et de la solitude. Des poèmes en anglais qu’il attaque avec une rage caverneuse aux traductions qu’il semble savourer avec délice, l’âme du poète-voyageur transcende l’interprétation et la théâtralité du Gallois, phare solide auquel s’ancre la musique de cette sombre errance, ce voyage sans retour où l’on s’embarque sans regret.»
Citizen Jazz – Franpi Barriaux – janvier 2012 – Disque «Elu» Citizen Jazz –
Album Sois patient car le loup – Label Les neuf filles de Zeus –
Une instrumentation sobre et raffinée…
Cela aurait pu être un enregistrement de John Greaves, tant sa voix, le timbre de celle-ci, son accent gallois au service de textes en français et anglais irradient cet enregistrement. Projet de la clarinettiste et accordéoniste Catherine DELAUNAY, cette transcription musicale de poèmes de Malcolm Lowry, natif du Cheshire, comté voisin du Pays de Galles et qui fut aussi résidant en France (dans les années 30, durant lesquelles il fréquenta entre autres Cocteau), ne pouvait en effet trouver de meilleur interprète bilingue, capable d’exprimer les mots d’une personnalité tourmentée.
Catherine DELAUNAY, quoique ayant débuté sa carrière de musicienne et de compositrice dans le cadre des musiques dites sérieuses (avec quand même des études dans la classe de Jacques Di Donato !), se tourne davantage vers le jazz et la musique improvisée. Elle conçoit ses propositions musicales comme autant de spectacles, ses prestations avec ses différents groupes incluant un décor particulier. Ce qui fut le cas d’ailleurs lorsque ce « Sois patient car le loup » avait tourné la saison dernière. Un décor qui n’était pas sans rappeler – avec certes un contexte différent – les prestations d’Henry Cow : lampadaires, bars, etc. en liaison avec les textes de l’écrivain britannique, inspirés par ses errances à travers le monde, au Mexique notamment (Delirium à Vera Cruz), ses penchants pour l’alcoolisme (prière pour les ivrognes) ou l’univers des marins (la mouette aux ailes glauques, le retour du pêcheur).
Le choix d’une instrumentation sobre et raffinée participe de la délicatesse de la mise en sons de ces poèmes et épouse pleinement l’ambiance à la fois glauque, joyeuse et brumeuse de l’œuvre du romancier britannique : la clarinette virevolte, prend parfois des accents mélancoliques, l’accordéon, la harpe (servie par Isabelle Olivier) peuvent se faire aériens, comme dégagés des contingences terrestres ou telles les vapeurs d’alcool, le trombone de Thierry Lhiver se fait chaleureuse, la contrebasse de Guillaume Séguron épouse les émotions.
Revue & Corrigée – Pierre Dürr – janvier 2012 –
Album Sois patient car le loup – Label Les neuf filles de Zeus –
Mélodies particulièrement touchantes et exaltantes...
Dans la série « j’ai raté la sortie… mais il n’est jamais trop tard pour bien faire… », Armel Bloch
Il arrive que les musiciens de jazz et musiques improvisées s’inspirent de la poésie. Citons à titre d’exemples le saxophoniste Jean-Marc Padovani dans des projets qui l’associaient à Enzo Cormann et le violoniste Dominique Pifarely dans quelques formations récentes.
Dans « Sois patient car le loup », la clarinettiste et accordéoniste Catherine Delaunay nous dévoile l’univers poétique du romancier anglais Malcolm Lowry (1909-1957).
L’exercice délicat qu’elle entreprend est réussi : choix exigeant des textes, musique écrite en illustration de ces derniers et interprétation livrée par des musiciens talentueux au jeu sensible. On pense notamment à l’implication forte du chanteur John Greaves portant les textes « corps et âme » ou aux couleurs originales du jeu en pizzicato de la harpiste Isabelle Olivier.
C’est au travers des brefs poèmes choisis (spécialement traduits pour l’occasion) que nous entrons dans l’univers un peu trop méconnu de Lowry. Les textes relatent sa manière d’entrevoir les images et les pensées qui lui viennent à l’esprit. On découvre un univers intimidant, ponctué d’évènements sombres et chaleureux, dans lequel il est souvent question de mer et de loup.
Entre chansons de marin, de voyage au long cours, de cœur, de pluie et de vent, Catherine Delaunay choisit avec soin une instrumentation singulière, qui va de paire avec les poèmes étranges et sensibles de Lowry : la harpiste Isabelle Olivier, le contrebassiste Guillaume Séguron, le tromboniste Thierry Lhiver et le chanteur et récitant John Geaves.
Elle nous invite à une traversée au long cours (environ 70 minutes de musique pour 14 titres, pas de quoi se plaindre de la durée trop brève imposée par la contrainte du disque), dans des climats extrêmes et changeants, pour une musique raffinée et subtile, évocatrice et voyageuse, aux mélodies particulièrement touchantes et exaltantes, à la fois complexe dans son interprétation et simple dans ses propos.
Avec « Sois patient car le loup… », Catherine Delaunay réaffirme ses talents de compositrice, en plus de ceux qu’on lui connait depuis plusieurs années dans le domaine de l’improvisation.
Culture Jazz – Armel Bloch – juillet 2012 –
Album Sois patient car le loup – Label Les neuf filles de Zeus –

